Article du Figaro 25/06/14 :
Changement de cap gouvernemental pour le logement. L’équipe Ayrault, avec en figure de proue Cécile Duflot, voulait surtout améliorer la situation des locataires. Depuis qu’il est à Matignon, Manuel Valls s’est fixé une autre priorité: relancer la construction de logements neufs. Il y a urgence: de mois en mois, la production de nouveaux appartements et maisons dégringole. Après avoir bâti 330.000 logements en 2013, il n’est pas sûr qu’on atteigne la barre des 300.000 cette année.
Pour inverser la tendance, le gouvernement revient aux vieilles recettes éprouvées. D’abord redonner des couleurs au PTZ + (prêt à taux zéro) qui permet de resolvabiliser des ménages modestes. «Nous allons permettre à davantage de ménages de bénéficier du PTZ + en élargissant les conditions d’accès notamment dans les zones détendues, affirme la ministre du Logement, Sylvia Pinel. 70.000 PTZ + seront distribués par an contre 44.000 aujourd’hui.» Montant du prêt, plafond de ressources en dessous duquel les ménages ont droit à ce prêt très avantageux, beaucoup de paramètres seront revus à la hausse.
Ainsi, un couple avec un revenu de 2250 euros à Toulouse pourra emprunter 49.000 euros sans intérêts au lieu de 4500 euros aujourd’hui. Et il commencera à rembourser cet emprunt au bout de sept ans contre cinq aujourd’hui.
Cette mesure est plutôt bien accueillie par les professionnels même s’ils se refusent à chiffrer les ventes additionnelles de logements neufs à en attendre. «C’est un message positif envoyé aux primo-accédants d’autant plus que cette nouvelle mouture du PTZ + sera mise en place très vite, dès octobre, affirme Alain Dinin, PDG du promoteur immobilier, Nexity. Mais personne ne peut prédire comment les ménages vont réagir.» Les constructeurs de maisons individuelles, eux, sont plus sceptiques. «L’élargissement du PTZ + est une bonne décision, estime Christian Louis-Victor, président de l’Union des maisons françaises. Mais le coup de pouce, notamment en zone C, la zone détendue, est largement insuffisant pour nous faire regagner les 50.000 ventes que nous avons perdues depuis trois ans.»
Autre nouveauté: le PTZ + qui avait été recentré sur le logement neuf fin 2011 sera de nouveau accessible à ceux qui achètent un logement ancien. Mais à condition que cette acquisition se fasse à la campagne et que l’acquéreur engage des travaux dans ce logement. Un parti pris étonnant: le PTZ + avait été supprimé dans l’ancien car il était accusé de faire flamber les prix.
Le dispositif Duflot sera aussi rendu plus attrayant pour les investisseurs. «Les propriétaires qui s’engageront à louer leur bien 12 ans au lieu de 9 bénéficieront d’une réduction d’impôt de 21 % au lieu de 18 %», explique Sylvia Pinel. Les plafonds de loyer seront revus à la hausse dans des grandes villes comme Lille, Lyon ou Marseille. Surtout, la loi Alur qui effrayait les particuliers et les détournait de l’investissement locatif dans le logement neuf est progressivement vidée de son contenu. Le premier ministre a indiqué que la GUL (Garantie universelle des loyers) ne concernerait plus tous les locataires mais seulement les jeunes. Quant à l’encadrement des loyers, il verra bien le jour en région parisienne dès la fin de l’année. Mais son application en province est de plus en plus hypothétique.
L’État au capital de la SNI
Par ailleurs, le gouvernement compte donner un coup de pouce au logement intermédiaire, cette catégorie de logements plus chers que les HLM mais moins que les logements libres. Selon nos informations, le gouvernement investira plus d’un milliard d’euros dans la SNI, la filiale de la Caisse des dépôts (CDC) qui développe le premier projet de logements intermédiaires. Pour compléter le tableau, un toilettage des normes pour baisser les coûts de construction et la relance du dispositif de vente des terrains publics pour bâtir plus sont à l’ordre du jour. Un programme suffisant pour que les 500.000 logements par an promis par François Hollande deviennent réalité? Tous les experts savent bien que cet objectif est hors de portée actuellement. Prudente, Sylvia Pinel ne se prononce pas sur la question.